L’histoire d’Audrey qui débute par une MAP
J’ai toujours rêvé de devenir mère, je souhaitais accoucher naturellement, sans péridurale et mon Graal aurait été l’accouchement à domicile. Mais, lors de la seconde échographie et de l’annonce du sexe, le bonheur et la joie d’apprendre que nous attendions une petite fille ont vite été bousculés par l’angoisse : notre fille a un retard de croissance et son périmètre crânien est sous la norme des percentiles. C’est le début de nombreux allers/retours à l’hôpital et la fin d’une perspective d’accouchement comme je l’imaginais. Au bout de 6 mois de grossesse, des contractions se font ressentir et le monitoring est catégorique : hospitalisation immédiate pour MAP (Menace d’Accouchement Précoce). Repos forcé pour garder bébé le plus longtemps au chaud et monitoring quotidien : décidément pas l’image idéalisée que j’avais en tête de la grossesse !
Mi-décembre 2020 la gynécologue nous annonce qu’il est préférable pour notre bébé de sortir plus tôt pour tenter de mieux la nourrir hors de mon corps qui n’arrive pas à le faire suffisamment.
L’accouchement
C’est le 30 décembre que je rentre à l’hôpital pour un déclenchement programmé, il y a eu le ballonnet puis le tampon pour que le déclenchement fonctionne à partir du lendemain. Les premières grosses contractions se font ressentir quand mon conjoint est encore à mes côtés vers 19h le 31 décembre, mais elles sont totalement supportables. Vers 20h mon conjoint est sommé de partir à cause des restrictions covid. Je me retrouve donc seule dans la chambre d’hôpital à regarder un film et terminer le repas spécial nouvel an. Vers minuit après avoir souhaité la bonne année à ma famille et mes amies, je souhaite une bonne nuit à ma fille et là, au moment de fermer les yeux après un bruit de bulle qui éclate, une sensation de me faire pipi dessus : je viens de percer la poche des eaux il est environ 00h30 le 1er janvier 2021.
Malheureusement mon conjoint n’est pas autorisé à venir à l’hôpital : selon, les sages femmes le travail sera être long, elles lui disent d’attendre à la maison.
Après 40 minutes sous la douche sur un ballon de yoga : les premières poussées me transcendent, impossible de faire autrement que de pousser. Je suis toute seule dans ma chambre et me déplace entre deux contractions jusqu’au bouton pour appeler la sage-femme. Heureusement, cette dernière revient très rapidement ! Je lui explique que ma fille arrive, elle me répond « mais non c’est seulement une grosse contraction, allez-vous asseoir sur le lit », après une nouvelle contraction je lui dis qu’il est impossible pour moi de bouger. Elles sont donc deux à m’allonger et me déshabiller. Les contractions sont fortes mais j’arrive à contrôler la douleur grâce aux différentes techniques que j’avais apprises (merci la technique du son grave « youuuu »). A l’étonnement général, j’étais en effet complètement dilatée et la tête de ma fille était en train de passer le col ! Je peux enfin dire à mon conjoint qu’il a le droit de venir, que je suis en train d’accoucher, à ce moment-là de l’appel il est 1h34 (la précision est importante, ahah). Car… ma fille est née à 1h37 ! Ce fût extrêmement rapide et puissant et c’était le premier bébé de l’année 2021 de l’hôpital ! Mon conjoint est arrivé bien après ce moment, de la déception, de la tristesse et de la colère dans les yeux.
Je n’ai pas eu l’accouchement dont je rêvais, mais j’ai au moins eu cette petite pointe de fierté d’y être arrivée seule dans tous les sens du terme : psychologique et médical.
Premiers instants et prématurité
Après l’accouchement, tout a été si rapide : ma fille a vite été placée sous respirateur en couveuse, elle est ensuite partie avec mon conjoint pour différents examens.
A ce moment-là, l’ocytocine aidant, je ne vis pas mal la séparation avec ma fille. J’étais vraiment ailleurs, soulagée que tout se soit bien passé et soit terminé. Je savais qu’elle était en sécurité avec son papa qui lui, a eu la difficulté d’affronter impuissant toutes les manipulations sur son bébé pour la brancher, la perfuser etc…
Je souhaitais profondément allaiter ma fille, d’autant plus qu’elle était née prématurée (à 36SA+2). La première tétée n’a seulement pu se faire que le lendemain dans la journée. C’était tellement émouvant de voir ce petit bébé, vraiment si petit téter pour la première fois. Il aura fallu beaucoup de temps, de patience et de pratique avant que notre allaitement se stabilise. Heureusement, l'équipe de néonatologie de la maternité était incroyable et d’un soutien sans faille.
Alors si c’est votre souhait (et uniquement si ça l’est), ne lâchez pas, croyez en vous et n’écoutez que vous. Malheureusement, toutes les femmes ne reçoivent pas que des conseils bienveillants et l’équipe médicale, par facilité, peut parfois vous pousser à donner le biberon.
On nous dit souvent que nous tombons amoureux de notre bébé au premier regard… Malgré tout mon désir d’avoir ce bébé, je n’ai pas ressenti cette vague d’amour immédiatement. Bien sûr, j’étais heureuse et je l’aimais mais j’étais encore sous l’émotion de l’accouchement, et de toutes ces manipulations sur mon bébé sans que je ne puisse rien faire… J’ai culpabilisé longtemps avant de comprendre et de réaliser que c’était commun et compréhensible car j’étais constamment séparée de mon bébé.Je ne pouvais pas la prendre dans mes bras quand je le souhaitais, je ne pouvais la voir qu’à travers cette boite et branchée à tous ces fils.
Ce qui m’a aidé pendant ces moments où la peine prend le dessus, c’est tout d’abord de me dire « elle est vivante, elle va bien, elle a juste besoin d’un coup de main pour grandir un peu plus ». Ensuite, c’était d’avoir mon mari, tous les jours avec nous en néonatologie. Nous étions séparés uniquement la nuis (avant que je ne puisse rentrer). Et bien-sûr, nous avons pu compter sur le soutien immense de notre famille et nos amis.
Elle est restée 17 jours en néonatologie, c’était long, autant pour elle que pour nous. Heureusement, nous avons été vraiment bien entourés, c’est précieux. Le côté positif de ces journées à l’hôpital, c’est que nous avons pu largement prendre nos marques avec notre fille, prendre confiance en tant que nouveaux parents. Tout ça entourés de professionnelles toujours là pour nous encourager, et nous prodiguer de précieux conseils. Nous avons également vu une ostéopathe, assisté à un cours de portage et à un bain enveloppé !
La vie à la maison
Le retour à la maison a été validé une fois les 2kg affichés sur la balance, et l’allaitement bien installé.
Arrivés à la maison, la vie à trois pouvait commencer ! Les débuts furent vraiment compliqués, Lou tétait énormément, pleurait beaucoup, devait constamment être portée et souffrait de reflux. Mais tout cela est si normal et compréhensible au vu de son début de vie et des difficultés par lesquelles elle a dû passer. J’ai toujours répondu à tous ses besoins, nous faisions du cododo et allaitement à la demande, je me sentais tellement coupable de ne pas avoir réussi à la nourrir correctement quand je la portais dans mon ventre…
Nous avons eu 11 mois d’allaitement, il y a eu des hauts et des bas, mais un an après la fin de notre allaitement, j’en retiens surtout le positif et la beauté de pouvoir nourrir son enfant soi-même.
Mapalia : le fruit de son expérience
Ma fille n’a jamais été gardée, je m’en suis occupée et m’en occupe toujours depuis sa naissance, soit bientôt trois ans. Avant, j’étais Traffic manager dans l'édition puis dans un gros groupe de grande distribution.
En Mai 2022, je décide de changer complètement de voie et crée Mapalia : des ateliers et lieux d’échange pour futures mamans et jeunes parents. Quel plaisir et satisfaction de travailler pour soi, de ne pas compter ses heures de travail et de ne pas vouloir s’arrêter. Et c’est là toute la difficulté, comme je m’occupe également de ma fille qui va seulement le matin à l’école pour le moment depuis ce mois de septembre 2023.
Je suis heureuse et reconnaissante de la voir grandir, s’épanouir, apprendre et évoluer tous les jours mais il est vrai que parfois je ressens de la frustration à ne pas pouvoir avancer dans mon travail comme je le souhaiterais. Il faut donc arriver à trouver un équilibre et heureusement mes parents ne sont pas loin et la garde régulièrement.
J’ai eu cette envie de créer Mapalia suite à mon histoire et mon vécu. J’ai toujours été passionnée par la parentalité et la petite enfance, j’ai lu beaucoup et me suis renseignée avant l’arrivée de ma fille. Mais on peut vite se perdre dans tous ces livres, ces avis et conseils d’un peu partout. C’est pourquoi j’ai créé ces ateliers qui permettent d’obtenir des infos de professionnelles, les rencontrer et échanger avec elles, en direct.
Je souhaite à travers ces ateliers que ces femmes repartent avec des connaissances précises et claires qui leur serviront dans leur nouveau rôle de parents et je désire tout particulièrement que chacune puisse faire des rencontres, créer du lien. Quand on devient parent, on se rend compte à quel point être bien entouré devient vital, je ne veux pas que les femmes se retrouvent isolées. C’est également un réseau d’entraide que je souhaite créer à travers Mapalia.
Si vous aussi vous passez par le stade néonatologie, sachez que nos bébés sont coriaces, ils développent un sacré caractère (croyez-moi ) et ne se laissent pas faire !
Votre enfant demandera sûrement plus d’attentions et aura besoin de plus de proximité qu’un autre (surtout au début) et c’est totalement normal. Il aura vécu quelque chose de traumatisant mais vos bras et votre amour combleront son petit cœur .
N’hésitez pas aussi à suivre des comptes Instagram dédiés (@sos_prema.officiel) pour trouver des conseils adaptés et peut être échanger avec d’autres parents dans la même situation.
Nos bébés sont courageux et nous aussi, nous rentrons dans le monde de la parentalité par une autre porte, celle de la néonatologie mais on en ressort beaucoup plus fort.
Audrey